La météo a toujours occupé une place particulière dans de nombreuses trajectoires personnelles. Anticiper le temps qu’il fera n’est pas un simple confort mais souvent une condition pour organiser ses déplacements, ses activités ou assurer sa sécurité. C’est précisément de cette relation intime et quotidienne avec les prévisions météorologiques qu’est né FediMeteo, un projet technique et humain à la fois, pensé comme un service simple, accessible et respectueux des principes du web libre.
L’idée est apparue presque par hasard pour son créateur, Stefano Marinelli, lors d’une consultation de prévisions avant un départ en vacances. Très vite, une évidence s’est imposée, recevoir automatiquement des bulletins météo réguliers, directement intégrés à son fil d’actualité, pourrait répondre à un besoin partagé par beaucoup. Quelques minutes plus tard, un nom de domaine était réservé et les premières bases du projet posées. Derrière cette initiative se trouve aussi un hommage personnel, celui rendu à un grand-père passionné de météorologie, attentif aux cycles du ciel comme à ceux de la vie. Dès le départ, des choix techniques clairs ont été faits. Le projet repose sur une séparation stricte des instances par pays, rendue possible grâce aux jails FreeBSD. Cette architecture permet à la fois une meilleure sécurité, une gestion facilitée et une grande souplesse en cas de besoin de migration. Contrairement aux attentes de départ, l’intérêt pour le service s’est révélé immédiat, confirmant que la météo reste un sujet universel, transversal et fédérateur.
Les données météorologiques proviennent de sources ouvertes et fiables, avec une préférence assumée pour des solutions compatibles avec l’écosystème open source. Une attention particulière a été portée à l’accessibilité: prévisions rédigées dans les langues locales, consultation possible sans JavaScript, compatibilité avec les navigateurs textuels et usage d’emojis pour faciliter la compréhension, même au-delà des barrières linguistiques. Le tout trouve sa place dans une approche fidèle à la philosophie Unix avec des outils simples, chacun dédié à une tâche précise, mais parfaitement interopérables. Le cœur du système repose sur une application Python capable de générer des prévisions en Markdown, publiées automatiquement via un logiciel minimaliste et efficace. Chaque ville correspond à un compte dédié, mis à jour toutes les six heures grâce à des scripts sobres et robustes. Aucun stockage massif de données n’est effectué. Les informations sont calculées à la demande, ce qui garantit à la fois légèreté et cohérence.
Après une phase de test centrée sur l’Italie, le projet a rapidement pris une dimension internationale. L’ajout progressif de nouveaux pays a laissé apparaître des difficultés inattendues: gestion des fuseaux horaires multiples, adaptation des unités de mesure, prise en compte de villes homonymes ou encore respect des sensibilités linguistiques locales. Ces obstacles ont conduit à une refonte partielle de l’application, afin de la rendre réellement globale et évolutive. Le succès a été amplifié par la mise en avant du service au sein du Fédivers. Les demandes d’ajout de villes et de pays se sont multipliées, tout comme les suggestions d’amélioration. Certaines évolutions, comme la publication des messages en mode non listé pour éviter la saturation des fils publics, ont été intégrées rapidement grâce à une collaboration étroite avec les développeurs des outils utilisés.
Aujourd’hui, FediMeteo couvre près de 3 000 villes réparties dans 38 pays, avec plusieurs milliers d’abonnés directs et un nombre bien plus important de lecteurs via RSS ou hashtags. Malgré cette croissance, l’infrastructure reste étonnamment légère avec un serveur modeste qui suffit à absorber la charge. La preuve qu’une conception réfléchie peut rivaliser avec des solutions bien plus coûteuses. Au-delà de l’aspect technique, le projet montre qu'il est possible de bâtir des services utiles, durables et populaires sans céder à la complexité excessive ni à la centralisation des données. En filigrane, il rappelle aussi que la météo, sujet apparemment banal, reste un formidable vecteur de lien social. Une intuition que certains avaient comprise bien avant l’ère numérique et qui continue aujourd’hui de rassembler des communautés entières autour d’un même ciel.