L’acquisition de Manus AI par Meta marque une nouvelle étape importante dans la course mondiale à l’intelligence artificielle. Un porte-parole du groupe a expliqué que cette opération permettra d’offrir la technologie la plus avancée possible aux utilisateurs, tout en mettant en place des garde-fous destinés à éliminer les risques potentiels. Meta a également tenu à préciser qu’après la transaction, Manus AI ne conservera aucun lien capitalistique avec la Chine et cessera toute activité sur le territoire chinois.
Fondée à l’origine en Chine, Manus AI a toutefois déplacé son siège à Singapour à la mi-2025, un changement qui visait déjà à internationaliser ses activités et à rassurer partenaires et investisseurs. Ce contexte géographique et politique explique en partie l’attention particulière portée à cette achat, dans un climat où les technologies d’IA sont devenues des enjeux économiques et géopolitiques de premier plan. Pour Meta, il va permettre de renforcer son expertise dans les agents d’intelligence artificielle capables d’agir de manière autonome. L’entreprise affirme que Manus a développé un agent capable de gérer seul des tâches complexes comme les études de marché, le développement de code ou encore l’analyse de données. Ces technologies devraient être intégrées progressivement aux produits grand public et professionnels du groupe, notamment à Meta AI, afin d’élargir les usages de l’IA au quotidien.
Manus se veut rassurante sur la continuité de ses services. La startup a indiqué que l’opération n’entraînerait aucune perturbation pour ses clients. Les abonnements continueront d’être proposés via son application et son site web et l’équipe poursuivra ses activités depuis Singapour. Lancé en mars 2025, son premier agent d’IA généraliste aurait déjà traité plus de 147 000 milliards de tokens et alimenté plus de 80 millions d’ordinateurs virtuels. Son histoire et ses origines ont aussi attiré l’attention de responsables politiques américains. En mai dernier, un sénateur a publiquement critiqué les investissements américains dans cette entreprise, s’interrogeant sur l’opportunité de soutenir des sociétés d’IA ayant des racines chinoises, dans un contexte de rivalité économique et militaire avec Pékin. Cette réaction faisait suite à des informations selon lesquelles le fonds de capital-risque Benchmark avait participé à une levée de fonds de 75 millions de dollars plus tôt dans l’année.
Meta, qui ne propose pas ses services en Chine, a insisté sur le fait que l’acquisition rompra totalement les derniers liens de Manus avec le pays. Cela inclut la fermeture des opérations résiduelles, notamment l’arrêt de l’assistant IA Monica.cn ↗, ainsi que la relocalisation des employés concernés. Le groupe a également précisé que les collaborateurs de Manus rejoignant Meta n’auront pas accès aux données collectées directement auprès des clients et que les restrictions géographiques d’accès à ses modèles d’IA resteront en place. Positionnée comme une couche d’exécution de l’IA, Manus ambitionne de transformer des modèles avancés en systèmes capables d’accomplir un travail concret dans le monde réel. Cette promesse a suscité un fort intérêt, mais aussi des critiques. Lors de tests menés en mars 2025, des observateurs ont souligné des limites, notamment des données inventées et des erreurs d’exécution sur des tâches avancées. La startup affirme toutefois travailler activement à améliorer la fiabilité et l’utilité de ses produits.
Pour Meta, intégrer l’équipe de Manus doit permettre de proposer des agents d’IA polyvalents à des milliards d’utilisateurs et à des millions d’entreprises. Cette opération s’ajoute à une série de recrutements et d’accords stratégiques. Plus tôt cette année, le géant des réseaux sociaux a notamment acquis 49% de Scale AI, une initiative largement perçue comme un moyen d’attirer son PDG Alexandr Wang afin de renforcer les travaux du groupe sur la superintelligence. Ensemble, ces mouvements confirment la volonté de Meta de s’imposer comme un acteur central de la prochaine génération d’intelligence artificielle.